Les anciens : entr'ouvrons nos archives

 

Jusqu'au début de la décennie 1980, le territoire français abritait une bonne dizaine de producteurs de dahlias. Quelques-uns uns ne produisaient que du dahlia. Certes, aucun d'entre eux n'avait ni le poids commercial ni les moyens financiers ou techniques qu'ont les grandes sociétés d'aujourd'hui, mais la diversité des maisons impliquait une diversité des cultivars et des tours de main d'hybrideur. De plus, les grandes entreprises de " graines et semences " (Vilmorin, Truffaut, Delbard, Clause...) proposaient un choix souvent nourri d'obtentions maison, et éditaient presque toutes un supplément spécial " Dahlias " à leur catalogue de printemps.

Ces producteurs étaient regroupés en une structure appelée " Groupement des Professionnels Français de Dahlias " (G.P.F.D.). Bref, la vitalité était incontestable, et si la concurrence était rude, le consommateur de l'époque bénéficiait d'une offre qu'il n'a plus guère aujourd'hui qu'à l'échelle internationale...

 

 

La disparition rapide (en 10 ans) de ce tissu de producteurs-obtenteurs s'est traduite par l'extinction de facto du G.P.F.D. faute de participants, soulignant la crise que traversait la profession (concurrence néerlandaise). La fermeture au même moment (1973) du Jardin Conservatoire de Dahlias du Parc de Sceaux, dans la banlieue parisienne, a malheureusement entraîné la perte de la quasi-totalité des cultivars français antérieurs à 1980 (à l'exception notable du fonds E. Turc, unique obtenteur spécialisé qui ait survécu). La France a ainsi vu s'envoler en un rien de temps son patrimoine variétal. Elle est, avec la Belgique, le seul pays européen de vieille tradition dahliaphile à avoir subi une telle perte.

 

 

L'un des principaux producteurs de l'époque était la société Chevalier. Dirigée jusqu'à sa mort en 1973 par M. Raymond Chevalier, elle a cessé ses activités en 1982. La maison Chevalier, qui distribuait des obtentions Chevalier, Pezant, Morin, Lemaire et Hureau, a marqué le dahlia français, surtout en ce qui concerne les cactus et semi-cactus en vogue à l'époque.

 

Les fleurs en sont particulièrement épaisses, les tiges fines et rigides, les coloris chatoyants et recherchés (tons bronze presque bruns ou mauve fuchsine, par exemple.) Mais sur les 101 obtentions maison que contenait le catalogue 1981, seules 9 d'entre elles sont encore, à ma connaissance, cultivées de part le monde (et pour la plupart hors de France). Les tubercules Chevalier étaient vendus en graineterie sous la marque " Bellejame ", notamment par les Ets Marcel Roquet, à Paris.

 

 

Les Ets Prével Frères, de Vire (Calvados) étaient aussi un obtenteur-producteur de premier plan. Le catalogue 1969-70, par exemple, comptait plus de 350 cultivars (le plus important de France) dont 83 obtentions Prével à grandes fleurs. Leur grand succès " Vire, Ville Martyre " (1951) a disparu depuis longtemps et seules deux de leurs créations sont encore disponibles (" Bouledogue " et " Chapeau de Paille d'Italie "). Les Ets Prével Frères ont fermé en 1974.

 

Il faudrait aussi parler de producteurs comme Clovis Millet, Francillout, Davion, Tourly, Payen, Mollard, Saccoman, Nonin, Genest, Chedanne -à qui l'on doit quelques variétés toujours très cultivées partout dans le monde comme " Barbe-Bleue "-, Louis Laurent - le spécialiste de la fleur de camélia (" Le Castel " ou " Côte Fleurie ")-, Combe-Laboissière (père) et bien sûr les Ets Ernest Turc. Pardon à ceux que j'oublie.

 

 

Souhaitons que les variétés de cette époque qui ont subsisté puissent être conservées et que d'autres puissent être retrouvées. Si vous en possédez, ou si vous croyez en posséder, n'hésitez pas à me contacter.